Notre temps de travail diminue, nos journées s’allègent, notre qualité de vie s’améliore et pourtant… notre quête effrénée pour retrouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle nous pousse à tester mille techniques car il n’y a jamais eu autant de mal-être individuel.
Cette question de l’équilibre vie privée – vie professionnelle touche tout le monde.
Pour l’aborder dans son intégralité, j’ai choisi de rédiger deux articles sur le sujet.
Le premier, celui que vous lisez actuellement, s’intéresse aux évolutions sociétales en matière de travail et explique pourquoi nous sommes si nombreux à tomber aux mains de ce déséquilibre entre vie perso et vie pro.
Le second, “Équilibre vie pro – vie perso : outils et conseils” vous propose des outils et des solutions pour redéfinir, pas à pas, un équilibre pro-perso qui correspond à vos besoins et vos contraintes.
Équilibre vie privée - vie professionnelle : une étrange équation
Je vous invite ici à découvrir les deux variables d’une étrange équation dont le résultat paraît, au premier abord, absolument illogique !
Quelles sont donc les données de ce problème ?
D’un côté, il y a le temps de travail, la durée du sommeil et le nombre d’enfants par famille qui diminuent auquel s’ajoutent les vacances qui, elles, augmentent.
Nous avons plus de temps à notre disposition
Le temps de travail diminue
Au début du 20e siècle de grands changements ont lieu.
La durée légale du travail quotidien est ramenée à 8 heures et une loi impose le repos dominical du dimanche . À l’époque on ne travaillait donc “plus que 48 heures par semaine”… ce qui pour l’époque était une avancée.
Aujourd’hui la durée légale de travail hebdomadaire est de 35 heures. Vous imaginez, nous avons gagné 13 heures de temps libre par semaine soit, mis bout à bout, plus d’une semaine de temps libre par mois. En voilà une avancée qui favorise grandement l’équilibre vie privée – vie professionnelle !
La durée du sommeil se réduit
Dans les 25 dernières années, le temps de sommeil a diminué d’environ 18 minutes par nuit. Cela semble peut mais mis bout à bout c’est tout de même 109 heures par an! Sachant qu’une semaine de travail compte en moyenne 35 heures (bon ok pas pour tout le monde…) nous avons donc, en dormant 18 minutes de moins par nuit, gagné trois semaines de 35h en équivalent temps libre ! 🙂
À la lecture de ces quelques lignes, vous venez de gagner 3 semaines de congés supplémentaires par an… n’est-ce pas magnifique ! Notre besace équilibre vie perso – vie professionnelle se remplit petit à petit…
La composition familiale baisse
Le nombre d’enfants par famille est passé en moins de 100 ans de 2,7 à 1,97. Soit un certain temps de gagné si on met bout à bout l’énergie et l’attention que nous demandent nos enfants avant qu’ils ne puissent voler de leurs propres ailes. Et je ne parle pas de la charge mentale qui, elle aussi, s’allège lorsqu’il y a moins d’enfants qui nécessitent notre attention.
Le temps de vacances augmente
Le nombre de semaines de congés payés est passé de deux semaines par an au début du siècle à 3 en 1956, puis à 4 en 1969 et enfin à 5 semaines en 1982.
C’est le moment où l’on se dit… wahou incroyable, nous avons tellement plus de temps à notre disposition que nos parents, grand-parents et arrière grand parents !
Tout cet espace en faveur d’un magnifique équilibre vie privée – vie professionnelle, une véritable chance de notre génération.
Et pourtant, la configuration actuelle est loin d’être idéale. Nous le constatons tous les jours, l’équilibre personnel est rompu et nous luttons pour tenter de le rétablir et ainsi retrouver un souffle nouveau.
Il ne s’agit ici que des chiffres qui représentent une des variables de mon étrange équation…
Passons maintenant à la seconde variable … l’augmentation du burn-out, du stress, de la dépression et de notre temps de connexion.

Le stress, le burn-out et la connexion augmentent
Le burn-out : la maladie du siècle
Une récente enquête évalue à 34% la proportion de salariés en situation de burn out et jusqu’à 13%, soit 2,5 millions, le nombre de personnes en état de burn out grave.
Aujourd’hui en France, 4,9 millions de travailleurs actifs sont sous le joug d’un épuisement professionnel ou d’une dépression directement liée au travail.
Le stress
En France, 24% des salariés sont en situation d’hyper stress, considérée comme dangereuse pour leur santé. Et nous sommes 51% à ressentir un stress élevé dans notre vie. Chiffre qui, dans les 5 dernières années, n’a cessé d’augmenter.
Le constat est effrayant et lorsque l’on se penche sur le mal-être des personnes qui nous entourent, on ne peut que frémir. On commence à comprendre pourquoi certaines personnes font face à un déséquilibre croissant entre leur vie privée et leur vie professionnelle.
La connexion
Malgré une prise de conscience de plus en plus aiguë, 71% des cadres consultent leurs mails professionnels le soir ou en congés. Les chiffres sont parlants : 67% des français ne parviennent pas à décrocher de leur travail pendant leurs vacances.
En 2019 ce sont 7 Français sur 10 qui déclarent être incapables de se passer du numérique sur une journée.
Ce rapport aux nouvelles technologies croissant et envahissant participe à l’effacement de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Cela crée de nombreux problèmes par rebond : épuisement mental, hausse du stress, perte de concentration.
Le résultat : l’équilibre vie privée - vie professionnelle est rompu
N’est-ce pas une étrange équation à laquelle nous sommes tous collectivement confrontés ?
Notre temps de travail diminue, nos journées s’allègent, notre qualité de vie s’améliore et pourtant… iI n’y a jamais eu autant de mal être individuel et notre quête effrénée pour retrouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est un des enjeux majeurs auxquels nous sommes tous confrontés.

Pourquoi un tel déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle ?
Voici quelques pistes qui expliquent, pour partie, pourquoi le déséquilibre vie perso et vie pro s’est intensifié au cours des dernières décennies.
Si nous nous accordons sur le principe que comprendre un phénomène nous permet d’y résister (voir de le modifier), cette étape est importante pour parvenir à rétablir un équilibre qui semble de plus en plus fragile
Le travail s’intensifie
Depuis 1978 le travail s’est nettement intensifié du fait des impératifs de productivité, de la dépendance que nous avons les uns aux autres au sein des entreprises, de la pression des marchés qui nous poussent à être hyper-réactif tout en faisant évoluer nos entreprises en permanence.
Et puis il y a les nouvelles technologies qui ne laissent pas beaucoup de place aux délais de réponses… Tout va très vite, le temps s’accélère et il faut… assurer !!!
Les breaks sont de plus en plus rares
Je vous parle de vraies pauses, de celles qui favorisent la déconnexion et nous laissent des temps d’oisiveté créative (c’est pas super beau comme terme “l’oisiveté créative” ?!). Pas des petits breaks à la machine à café qui ne permettent pas de se ressourcer véritablement mais de bonnes vieilles pauses qui nous permettent de nous apaiser et nous déconnecter.
Comme l’explique merveilleusement bien l’auteur de “Deep work” (livre que je vous recommande chaudement) ces vraies pauses sont indispensables si nous voulons maintenir un espace intérieur qui nous tire vers le haut et nous permet d’œuvrer à un véritable et solide équilibre vie privée – vie professionnelle.
Le travail s’invite dans nos lits, nos familles, nos couples… Nos ordinateurs nous suivent et nous appellent de leur silence strident. Nos téléphones nous livrent, sans préavis, les dernières requêtes de l’entreprise. Ni dimanche, ni réglementation des heures de travail pour nos smartphones !
Et pour couronner le tout, 1 actif sur 3 culpabilise de déconnecter pendant ces vacances.
1 sur 3, c’est énorme !
Les horaires de travail atypiques augmentent
Je ne le savais pas avant d’écrire cet article, mais en France, le travail en horaires atypiques concernerait près de deux salariés sur trois. En effet, seulement 37 % des salariés ont des horaires dits « standards ». Cela représente plus d’un salarié sur deux qui a des heures décalées : nuit – weekend – trois/huit …
La conséquence sur la vie sociale et familiale est indéniable.
Quel équilibre peut-on garantir quand on est confronté à ce rythme mois après mois ?
Et je ne parle même pas ici des conséquences sur la santé qui viennent s’ajouter au déséquilibre vie privée et travail.
Les familles évoluent
L’accroissement des divorces, des familles monoparentales et les familles recomposées rend généralement plus difficile cet équilibre. Arriver à tout concilier devient un art qui demande du temps pour être maîtrisé. 72 % des salariés disent manquer de temps au quotidien.
Selon le baromètre 2018 de la conciliation entre vie de famille et vie professionnelle, seulement 11 % des personnes interrogées ne déclarent aucune responsabilité familiale (ils ne sont ni conjoint, ni parent, ni aidant, ni grand-parent actif). La question reste donc entière pour 9 personnes sur 10.
Elle est, pour eux, une préoccupation importante ou très importante.

Nous nous mettons trop de pression
La pression du tout tout de suite.
Difficile d’attendre la réponse d’un client, difficile de prendre le temps et de ne pas donner à nos collègues l’information qu’ils attendent “dès que possible” ou de résister à l’email qui nous susurre à l’oreille “ouvre moi”, et toutes les notification sur nos smartphones, les Whatsapp de la famille ou des amis…
Vous l’avez compris, nous subissons souvent une boucle infernale que nous contribuons, malgré tout, à alimenter.
La pression à “être parfait”
À cela, il faut aussi ajouter la pression sociale. Celle qui exige de nous d’être un parent parfait autant qu’un salarié modèle.
Celle qui nous murmure quoi faire pour rejoindre la catégorie des entrepreneurs ou des salariés qui réussissent.
La pression d’être une famille idéale, un couple “si heureux”, un excellent et fidèle ami.
Celle qui nous impose de faire du sport, tout en s’impliquant dans des associations sans, bien sûr, refuser l’invitation à une soirée si IMPORTANTE !
Bref, la pression sociale impose des règles du jeu qui ne laissent pas beaucoup de place à l’équilibre vie privée – vie professionnelle.
Ce sujet de la pression individuelle et sociale me touche et je vais bientôt y consacrer un article entier. Je vais donc signifier à mes doigts vaillants de contenir leur ardeur sur le clavier pour se concentrer sur les moyens que nous avons à notre disposition pour rétablir un équilibre entre les différentes sphères de nos vies !
Alors, prêt à franchir le pas en faisant mentir les statistiques sur le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle ?
Je vous invite donc à photographier l’équilibre de vie qui est le vôtre aujourd’hui, prendre du recul, évaluer votre temps et votre énergie et poser les ajustements qui vous correspondent. Je vous guide à chaque étape !